Faut-il que l’Eglise fête la « communication » ?

Pendant des siècles, l’Eglise n’a fêté que son Dieu, ses saints, ses anges, dans toutes les situations et toutes les formes… Cela n’a pas trop mal marché…

Depuis 50 ans, toutefois, dans l’enthousiasme du Concile, fut instaurée la « Journée Mondiale de la Communication Sociale« . Placée le jour de la St François de Sales (fêtée entre l’Ascension et la Pentecôte en France), elle a pour objectif « de mieux faire connaître les moyens de communication au niveau des paroisses, des diocèses et des services de l’Eglise catholique ».

Il est étrange que nulle autre journée ne célèbre les « flux bancaires » (pourtant nécessaires à la quête), ou les « animateurs-salariés-en-paroisse » (tout aussi nécessaire au maintien d’un catéchisme de volume), ou encore les « petites mains qui cousent et créent nos étoles et nos chasubles ». On pourrait mettre cette absence sur le fait que les journalistes, qu’ils soient à Libération ou au Vatican, ont une propension à se vendre au mieux. Mais il semble que cette déshumanisation cache un fait plus profond.

Là où, autrefois, on célébrait tel ou tel saint, donnant lieu à sa reconnaissance dans l’Eglise et à sa prière par profession (de Sainte Barbe à Saint Geneviève, de l’Ange Gabriel à Saint Isidore de Séville), on célèbre aujourd’hui un « concept », un mot théorique, désincarné et, en soit, amoral. En soi, la communication n’est rien, ne contient rien, peut être un mal ou un bien, le pire et le meilleur. Communiquer peut devenir saturation des sens et expression du mépris, comme huile bienfaisante et baume apaisant.

St François de Sales avait su communiquer dans son temps et avec les siens, avec justesse et précision, selon les modalités et les us propres à chacun, à chaque cas. La différence entre St François et la « communication » est donc une affaire de nature : du seul outil on passe à son utilisation, du moyen à l’œuvre. Entre les deux, un gouffre : la morale (au sens de savoir ce qui est juste dans chaque situation), la conscience de bon, du bien faire, entre la juste parole et le silence parfois nécessaire.

Inversement, passer de la célébration de St François à celle de la « communication » revient donc à affirmer la primauté des moyens sur le sens, celle de l’action sur la morale. On a vu ainsi le calendrier révolutionnaire célébrer des fêtes « neutres », du « jour des chiens » (le 25 décembre) au jours des moulin (17 août) ou du granit (31 décembre). En soi, et apparemment, rien de terrible, mais on s’éloigne de la marque incarnée, charnelle de nos prédécesseurs. Célébrer l’outil contre la lutte intérieure de nos saints qui ont du discerner sans cesse le bon mot, la juste parole, voilà qui désincarne, qui déshumanise.

Cette tendance du formalisme roi, là voilà donc entrée dans l’Eglise par la petite porte, par le bavardage et la fascination pour l’outil média. Pourtant, nous n’avons qu’un temps à vivre, qu’une vie à offrir en réponse d’amour. Et les moyens, surtout numériques, n’ont que peu à voir avec notre voie de sainteté. Celle-ci réside dans notre conscience, dans l’usage de ces outils, dans notre union à Dieu bien plus qu’aux outils eux-mêmes.

Dégageons-nous de cette fascination technocratique.

Libérons-nous de ces mots creux.

Fêtons St François de Sales, pas la « communication »…

 

 

 

 

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