Démocratie et vie intérieure : un mensonge moderne ?

vie intérieure 9Nous portons cette envie intime, cette intuition de l’infini, d’une éternité du temps et de l’espace. L’éclat d’un ciel noir d’un été, la portée d’une musique céleste, ou une dernière soirée de famille que tend le départ du lendemain, tout nous porte à cette attente. La nature le porte même au coeur de ses cycles et la Révélation de Dieu en est l’ultime claque. Et cet appel de l’infini appelle de notre part une contemplation infinie.

Plongés dans la temporalité, atteint par les limites de notre insertion dans l’espace, notre vie sociale, matérielle reste pourtant essentiellement contrainte. Nous avons ainsi le choix : ou contempler, ou agir. Tel est la balance intime, l’équilibre que chacun cherche et trouve péniblement, au hasard de la vie ou dans la main de la Providence.

Ainsi, dans cette marche, ce cheminement vers notre mort -imminente ou distante-, le véritable fondement reste ce puits d’infini à creuser, cette cathédrale intérieure à construire, ce silence intérieur à peupler d’amour ou de charité. Et ce creusement, cette construction, ce peuplement est abandon, désertification, dénuement, accomplissement.

Comme la pollution lumineuse embrume l’infini céleste, la contingence de nos actions temporelles nous empêche d’aller loin dans cette construction intérieure. Nul besoin de dire que tel ou tel métier, telle ou telle situation, parfois, n’apporte rien d’autre qu’un éloignement de notre véritable et intime attente. Et par ces temps de bruits et d’inconscience, rares sont les vocations justes, celle qui accordent l’attente intime de ce qui a été reçu avec l’avenir. Plus rares sont les moines, veilleurs de silence ; plus rares sont les prêtres, suffisants de Dieu ; plus rares sont les couples engagés l’un à l’autre jusqu’à la mort.

 

Ainsi de la démocratie qui, par ces temps technocratiques, demande à chacun de veiller et de se responsabiliser de toutes les contingences sociales et politiques. Mais l’obligation moderne de ces contingences, aussi nobles soient-elle, n’est-elle pas plus mortelle pour nos vies intérieures que n’importe quel cyanure dans un ruisseau de désert, plus polluante que tout lampadaire sous un télescope monacal, plus terribles qu’un rouleau de goudron sur le champ de légume d’une veuve ?

Je le pense, et je laisserais bien le champ libre des gouvernements à des têtes bien faites pour être mieux à l’infini et à ma vocation d’époux, de père et de petit patron. Mais ce discours sur l’homme, sur la priorité faite à sa vraie vocation, j’ai quand même bien l’impression qu’une partie de l’Eglise l’a abandonné…

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